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Procés de Bertrand Cantan curé de Ladevèze.

Procès de Bertrand Cantan, 1754.

A vous monsieur le juge ordinaire du lieu de Belloc et ses dépendances et votre cour juge dudit Belloc.

Remontrant messire Jean de Broca , conseiller au parlement de Navarre seigneur haut et moyen et bas justicier de Belloc, Tieste, les Uragnous et autres places, habitant ordinairement en la ville de Pau disant que malgré les défenses que les lois et la jurisprudence et des arrêts font à toute sorte de gens de chasser en aucun temps. Il a le malheur de voir dévasté journellement le gibier dans toutes ses terres quoiqu’il ait fait prévenir à tout le voisinage la rigueur des ordres qui prohibent la chasse.

Ses terres surtout celles de Belloc, Tieste et autres attenantes sont celles où la licence a le plus étendu ses bornes.  On y chasse  si impunément que le seigneur remontrant y est venu pour y passer quelques jours et s’en étant allé cette matinée avec son équipage sur la hauteur des Landes de Tieste il fut lancé un lièvre qui après s’être fait battre sur les landes et bois dudit seigneur prit le sort  à travers son vignoble et les landes qui sont du côté du midi vers le bas à l’extrémité dudit Tieste. Le seigneur remontrant ne voulant point le poursuivre crainte qu’il ne gita dans des possessions cultivées fit couper les chiens et ordonna à son piqueur de les conduire à une fontaine qui est au côté du chemin appelé à la Hondagnère située audit Tieste pour les y faire rafraichir et pendant qu’il voyait boire ses chiens il vit venir trois chasseurs avec un chien couchant, dont deux avaient un fusil chacun venant du centre du village de Tieste. Celui qui marchait à la tête ayant un air ecclésiastique et paraissant être le Sieur Cantan vicaire dudit Belloc. Ils passèrent assez près dudit seigneur remontrant dans cet équipage sans ménagement dans l’exercice de la chasse et avec moins de ménagement et d’attention pour sa personne, puisqu’ils passèrent par mépris sans faire semblant de l’apercevoir.  Ce trait le touche moins que celui de la chasse que ces personnages continuèrent dans le dit lieu de Tieste à travers les redoubles et les champs semés de gros et petits millet et il présume que pendant son séjour à Pau les entreprises sont bien fréquentes puisqu’on les commet impunément en sa présence le peu de temps qu’il reste à Belloc. Comme il lui importe d’arrêter le cour de pareilles entreprises il a recours à votre justice ordinaire monsieur afin qu’il soit qu’il sera par vous enquis des faits ci-dessus, leurs circonstances et dépendances à ces fins, les témoins assignés pour l’information faite et rapportée et discernée contre les accusés tel décret que de raison, le remontrant se déclarant partie civile requérant la sanction du procureur fiscal. Sera pour nous enquit du contenu en la présente requête, à ces fins les témoins assignés.  Le 29 aoust 1754.

Auditionné, interrogé ledit maître Cantan de son nom, âge, qualité et demeure a répondu s’appeler Bertrand Cantan, âgé de 32 ans, être prêtre et vicaire dudit Belloc et habitant à Ladevèze.

Interrogé ledit sieur Cantan pourquoi il se présente devant nous a répondu que c(est pour obéir à un décret d’assigne pour être oui taxé contre lui au présent siège le 31 aoust dernier et à lui signifier le 8 du présent mois à la requête dudit Broca. Interrogé il sait le juge pour lequel il a été décrété à répondre qu’il sait pour un motif de chasse.

Pour sa défense M. Cantan a dit que ce jour-là il s’en allait dire la messe à Goueyte accompagné de son neveu, et qu’il fut suivit par un gros mâtin, et que le fusil lui servait à éloigner les chiens enragés.

Ceci n’était que de la mauvaise foi.

Il a eu une amende à payer.

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